Comment observer son cycle avec le SOPK

Comment observer son cycle avec le SOPK - SOVA

Comment observer son cycle avec le SOPK ? Est-ce possible ? Pourquoi ? On vous explique tout !

L’observation du cycle est un outil très précieux :

  • Si tu souhaites concevoir un bébé, cela te permet de cibler au mieux ta fenêtre de fertilité, et de vérifier que les phases de ton cycle sont optimales pour permettre une grossesse
  • Si tu n’as pas de contraception hormonale et que tu ne veux pas d’enfants, les méthodes d’observation du cycle sont un moyen de contraception fiable lorsqu’elles sont bien maîtrisées. D’après le gouvernement, la symptothermie (après formation par un professionnel) a une efficacité pratique de 98% vs 91% pour la pilule contraceptive (source) !
  • Dans tous les cas, ton cycle et ton ovulation te donnent des indications importantes sur ton équilibre hormonal et ton état de santé global. D’ailleurs, pour l’American College of Obstetricians and Gynecologists, le cycle menstruel serait un signe vital au même titre que les signes classiques (pression artérielle, fréquence cardiaque etc) !

Tu aimerais te lancer dans l’observation de ton cycle, mais si tu es atteinte du SOPK tu as probablement des cycles longs et/ou irréguliers qui rendent tes observations d’autant plus difficiles. 

Ne te décourage pas, nous allons te donner dans cet article toutes les clés pour t’apprendre à suivre ton cycle !

Petit rappel sur la physiologie du cycle

La durée théorique du cycle

Le 1er jour de ton cycle correspond au 1er jour de tes règles (on parle d'un vrai flux sanguin, pas des spottings !). Même si les règles sont le point de départ pour suivre le cycle, c’est bien l’ovulation qui en est l’évènement principal ! Sans elle, pas de règles, pas de sécrétions hormonales, et pas de grossesse possible.

En théorie, ton cycle dure 28 jours. C’est la durée que tu as apprise en cours de SVT, et celle sur laquelle se base la grande majorité des gynécologues. 

Dans les faits, on est bien loin d’une règle universelle car seules 13% des femmes ont un cycle de 28 jours ! Entre 21 et 35 jours, on considère que le cycle est normal. Il arrive également que la durée du cycle varie d’un mois à l'autre, sans que ce ne soit inquiétant.  

Mais lorsqu’on a la SOPK, on est souvent bien au-delà de ces durées… Il n’est pas rare de n’avoir ses règles que quelques fois par an. 

Les phases du cycle

les phases du cycle schéma

1- La phase folliculaire : elle s’étale du 1er jour des règles, jusqu'à l'ovulation. C’est l'étape durant laquelle les ovaires préparent la maturation des follicules, dont le follicule dominant qui libérera l’ovule.

C'est la phase qui a la durée la plus variable ; en revanche, il est intéressant de savoir la repérer car elle donne des indices sur la façon dont ton corps réagit. 

À noter qu’une ovulation tardive n’a pas forcément d’impact sur la fertilité ; l’essentiel étant que l’ovulation ait bien lieu, et qu'elle soit qualitative.

Pour te rassurer tout de suite, j'ai déjà vu des grossesses démarrer avec une ovulation à J60 et même J100 !

Les hormones qui caractérisent cette phase sont principalement les oestrogènes et la FSH (ou “hormone folliculo-stimulante”).

 

2- L’ovulation : elle survient à la fin de la phase folliculaire, lorsque le pic de LH (ou “hormone lutéinisante”) a lieu. 

L’ovocyte est une cellule grasse très fragile, il ne survit que 12h (max 24h) après sa libération.

 

3- La phase lutéale : elle dure entre 12 et 16 jours (maximum ! oui oui !) et se caractérise par l’augmentation du taux de progestérone. 

La progestérone permet entre autres le développement de la muqueuse utérine qui accueille l’embryon si la fécondation a lieu. C'est aussi elle qui fait s'élever la température de ton corps. “Pro-gestérone” → “pro-gestation” ! C’est une hormone essentielle pour permettre le démarrage et le maintien d’une grossesse. Un manque de progestérone peut être une cause d’infertilité ou de fausse couche précoce.

Une phase lutéale inférieure à 11 jours est problématique car c’est le signe que ton taux de progestérone est trop faible, et que l’embryon n’aura pas le temps de s’implanter dans l’endomètre. Cela peut venir d'une ovulation peu qualitative, d’un déséquilibre hormonal… à creuser avec ton professionnel de santé (gynécologue, naturopathe…).

Attention : tout ceci est valable uniquement si tu n’es pas sous contraception hormonale ! Si tu prends la pilule (ou autre), ton cycle est tout simplement mis sur pause et tu ne peux pas faire ces observations. 

L’évolution de la glaire cervicale (méthode Billings)

C’est quoi la glaire cervicale ?

C’est un terme méconnu qui désigne les fameuses “pertes d’ovulation” que l’on peut observer dans notre culotte ou lorsqu’on s’essuie. On parle aussi de mucus, mucus cervical… “cervix” étant le mot latin pour désigner le col de l’utérus. La glaire cervicale est donc un liquide sécrété par ton col de l’utérus, dont la consistance évolue tout au long du cycle. 

Elle peut être confondue avec les sécrétions vaginales, qui sont des sécrétions collantes blanc-crème qui servent à “nettoyer “ le vagin pour limiter les risques infectieux. 

La glaire cervicale n’est ni sale, ni honteuse, elle est au contraire hyper importante et d’autant plus lorsqu’on souhaite concevoir un bébé. Ne te laisse pas tenter par les produits ou solutions miracles destinés à assécher la glaire, c’est un phénomène physiologique 100% normal et dont il faut prendre soin. 

À quoi sert la glaire cervicale ?

Principalement à créer un milieu favorable à la survie des spermatozoïdes lorsque tu es en période fertile. L’ovocyte ayant une durée de vie très courte, la glaire cervicale permet de maintenir les spermatozoïdes en vie pendant plusieurs jours en attendant l’ovulation. C’est pour cette raison qu’il vaut mieux avoir des rapports avant l’ovulation et le jour J, plutôt qu’une fois l’ovulation passée !

La glaire joue un autre rôle en post-ovulatoire : elle devient compacte et inhospitalière afin de protéger le col de l’utérus des agents pathogènes et préserver une éventuelle grossesse en train de s’implanter. 

L'évolution de la glaire cervicale au cours du cycle

Elle évolue tout au long du cycle, mais le moment où elle est la plus visible correspond à ta fenêtre de fertilité. 

Sous l’action des oestrogènes, la glaire devient de plus en plus fluide et abondante, jusqu’à procurer une sensation d’humidité. On parle de “montée en qualité de la glaire”. Sa consistance se rapproche de celle du blanc d’oeuf cru : idéalement, tu dois pouvoir l’étirer entre tes doigts sur plusieurs centimètres sans qu’elle ne casse !

Chez certaines femmes, la glaire est difficilement observable car elle reste proche du col sans descendre dans le vagin ; ce n’est pas un obstacle pour ta fertilité, l’essentiel étant qu’elle soit bien présente. En revanche, si tu as l’impression de ne jamais l’observer (ni sur le papier toilette/culotte, ni en essayant de la prélever directement au col), c’est peut être le signe d’un déséquilibre hormonal et plus particulièrement d’un manque d'oestrogènes. Rapproche-toi d’un professionnel pour en parler !

Il est possible d’observer plusieurs épisodes de montée en qualité de la glaire au cours du cycle ; chaque épisode correspond à une tentative d’ovulation, jusqu’à ce que ton corps parvienne enfin à expulser un ovocyte mature. C’est assez courant chez les femmes SOPK, qui ont souvent une phase folliculaire très longue et pas optimale.

observation de la glaire

Source : Kiffe ton Cycle

Les tests d’ovulation : oui, mais…

Comment ça fonctionne ?

Ce sont des tests très simples que tu peux faire facilement à la maison. Ils se présentent sous forme de bandelettes à tremper dans un fond d’urine préalablement récoltée dans un petit récipient. Certains modèles plus chers sont équipés d’une coque en plastique et doivent être utilisés directement sous le jet d’urine. 

On peut les acheter sans ordonnance dans les pharmacies, supermarchés, ou même sur Internet. Si tu ne sais pas vers quels tests te tourner, n’hésite pas à demander conseil à une sage femme ou à ton professionnel de santé.

Ces tests servent à détecter la LH, l’hormone lutéinisante qui déclenche l’ovulation lorsqu’elle atteint son maximum (environ 25 à 40 mUi/ml). Une fois le test positif, l’ovulation survient dans les 12 à 36 heures (variable selon les femmes). 

Pour obtenir un résultat fiable et si tu débutes, il faut tester de la fin de tes règles jusqu’à l’ovulation, de préférence le matin et à peu près à la même heure. Une fois que le test est positif, il peut être utile de continuer à tester pendant quelques jours pour vérifier que le taux de LH redescend bien. 

Les tests d'ovulation sont-ils fiables pour une femme qui a le SOPK ?

Dans la majorité des cas, les tests d’ovulation ne sont malheureusement pas d’une grande aide pour y voir plus clair car le SOPK est souvent caractérisé par un taux de LH élevé. La plupart du temps, les tests d’ovulation ressortent toujours positifs et ne sont donc pas interprétables. 

 

Cela dépend aussi de la sensibilité des tests : certains fabricants commercialisent des tests très sensibles qui réagissent à 10 mUi/ml, et d’autres à 30 mUi/ml. À toi de tester différentes marques pour savoir ce qui te convient le mieux, ou tu peux également te rapprocher d’un professionnel pour te guider.

Dans le cas où ta LH est normale, les tests d’ovulation peuvent être utilisés de façon fiable mais cela demande de la persévérance : il faut tester assidûment chaque jour du cycle, même lorsque l’ovulation met des semaines à arriver ! Pour cette raison, nous te conseillons d’acheter tes tests d’ovulation par lots de bandelettes sur Internet (par exemple sur Amazon) plutôt qu’en pharmacie ; cela te reviendra beaucoup moins cher.

Attention : les tests d’ovulation ne sont pas une méthode 100% fiable, seule une courbe de température peut confirmer que l’ovulation a bien eu lieu !

La prise de la température (symptothermie)

La symptothermie est une méthode qui pourrait faire l’objet d’un article à elle toute seule ! 

Cette méthode consiste à tracer la courbe de ta température basale tout au long de ton cycle. La température basale est la plus basse température de ton corps, c’est pour cette raison que la prise de température doit impérativement se faire le matin au réveil, avant de poser le pied par terre et de se mettre en mouvement. La température varie en fonction de ton nombre d’heures de sommeil, idéalement il faut donc la prendre toujours à peu près à la même heure.

Pour que le graphique soit fiable, il faut utiliser un thermomètre qui comporte 2 décimales après la virgule, et ne pas changer de mode de prise au cours d’un même cycle. Tu peux prendre ta température par voie rectale, vaginale, ou orale… mais il faut t’y tenir jusqu’à ce que le cycle soit terminé !

Une fois la prise de température effectuée, il faut reporter le résultat dans ton application de suivi de cycle (ou bien sur une feuille quadrillée) et relier les points entre eux petit à petit. 

Interprétation de la courbe

En 1ère partie de cycle, la courbe n'est pas interprétable : les températures varient à la hausse ou à la baisse, on a une impression de “courbe yoyo” qui ne veut pas dire grand-chose. C’est tout à fait normal ! La température est basse et instable en phase folliculaire. 

En revanche, une fois l’ovulation passée la courbe devient nettement plus lisible : tu dois pouvoir observer une montée de température entre +0,3° et + 0,5° environ, qui se maintient sur minimum 3 jours consécutifs. Quand l’ovocyte est libéré, le corps jaune se met à sécréter de la progestérone : c’est cette hormone qui est responsable de l’élévation de ta température corporelle, dans le but de créer les meilleures conditions possibles à l’accueil d’une grossesse. 

Les données récoltées en symptothermie sont hyper intéressantes pour la compréhension de ton cycle, car elles permettent de voir à quel moment tu ovules exactement, et surtout si ta phase lutéale (= post-ovulatoire) est optimale : minimum 11 jours et un beau plateau haut qui se maintient ! Si tu constates que ta courbe fait le yoyo en 2ème partie de cycle, rapproche toi d’un pro car cela peut signer un déséquilibre entre oestrogènes et progestérone, ou une ovulation peu qualitative… 

Dans une visée de contraception, il est fortement conseillé de se former auprès d’un professionnel compétent et de ne pas se lancer sans filet sur la base de quelques infos récoltées sur le web : attention au risque de grossesse non désirée qui est réel lorsque cette méthode est mal maîtrisée !

Voici l'exemple d'une courbe qui montre une ovulation et une montée en température en deuxième partie de cycle.

La symptothermie est-elle adaptée au SOPK ?

Comme pour les tests d’ovulation, nous allons te faire une réponse de normand : oui et non ! 

Oui car cette méthode peut être utilisée chez absolument toutes les femmes réglées qui ne sont pas sous contraception hormonale (dans ce cas bien sûr il n’y a pas de cycle observable).

Cependant, il faut savoir que cette méthode est perçue comme assez contraignante par certaines femmes : prendre sa température tous les jours à la même heure ce n’est pas toujours simple au quotidien. 

Pour rendre les choses plus simples, certaines marques commercialisent des thermomètres très faciles d’utilisation (par exemple le TempDrop sous forme de brassard à mettre la nuit et qui calcule ta température basale automatiquement et l’envoie à une application). Néanmoins, ces modèles ont souvent un coût important. Quelques mutuelles commencent à rembourser ces outils au même titre que d’autres méthodes de contraception : n’hésite pas à tenter ta chance de ce côté si tu souhaites investir !

La prise de température peut être aussi anxiogène pour les femmes touchées par le SOPK : faire une courbe tous les jours sur laquelle on ne voit aucune ovulation apparaître pendant des semaines… cela peut vite être angoissant et décourageant. 

Si tu sens que cette approche génère chez toi du stress et de l’anxiété, préserve-toi ! Tu peux aussi t’adresser à un professionnel formé (sage-femme, naturopathe spécialisé) pour te guider et t’encourager dans ta démarche.

En résumé

Il est souvent difficile d’observer son cycle lorsqu’on a le SOPK, car les cycles sont majoritairement longs et irréguliers. 

Ne te décourage pas, au début cela peut te sembler difficile voire impossible de te repérer dans ton cycle, mais au fil du temps et en notant bien tes observations (par exemple dans une application de suivi du cycle), on finit par mieux comprendre les mécanismes derrière notre cycle. C’est essentiel, car ça te permettra de cibler ta fenêtre de fertilité et d’avoir des rapports aux moments les plus opportuns en cas de projet bébé !

En parallèle, n’hésite pas à te faire accompagner par un professionnel spécialisé pour raccourcir et régulariser ton cycle : les méthodes d’observations deviendront alors beaucoup plus simples à mettre en application !

 

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