Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est un déséquilibre hormonal d’origine ovarienne et/ou centrale complexe qui touche un nombre significatif de femmes à travers le monde. Souvent associé aux problèmes de fertilité, le SOPK est lié à des déséquilibres hormonaux affectant le fonctionnement ovarien.
Une fois le diagnostic du SOPK posé, il faut investiguer sur la typologie de ce syndrome car la stratégie ne sera pas la même. Le SOPK est généralement classé en 4 grandes catégories : SOPK résistant à l’insuline, le SOPK inflammatoire, surrénalien, thyroïdien ou bien post pilule (mais celui-ci est souvent transitoire, ce n’est pas une catégorie à proprement parler). Néanmoins, à ce jour, cette catégorisation n’a aucun versant scientifique réellement prouvé, mais elle est utile pour identifier des "axes de travail".
Le SOPK surrénalien, moins connu, implique une participation des glandes surrénales dans le développement de ce déséquilibre hormonal.
Dans cet article, nous explorerons plus en détail les origines du SOPK surrénalien, en examinant les mécanismes hormonaux sous-jacents, les facteurs de risque et l'importance d'une prise en charge globale et adéquate pour les femmes concernées par cette forme particulière de SOPK.
Le SOPK d’origine surrénalienne c’est quoi ?
Le SOPK, appelé Syndrome des Ovaires Polykystiques, est un dysfonctionnement physiologique général. Cette affection touche environ 10% des femmes en âge de procréer. Par ailleurs, elle est souvent une cause majeure d’hypofertilité, associée à des problèmes de métabolisme, des risques majorés de développement de maladies cardiovasculaires ou de diabète de type 2.
Le SOPK surrénalien se distingue des autres types de SOPK par l'implication des glandes surrénales dans la production excessive d'hormones masculines (androgènes), très virilisantes chez la femme. Cette surproduction hormonale entraîne souvent une perturbation de l'équilibre hormonal, avec des effets délétères sur leur fertilité, mais aussi sur leur santé et leur bien-être général.
Les symptômes du SOPK surrénalien
Les symptômes couramment associés au SOPK comprennent des irrégularités menstruelles, de l'acné, une croissance excessive de poils (hirsutisme), une perte de cheveux (alopécie), une prise de poids et des problèmes de fertilité. Ces manifestations peuvent varier d’intensité d'une femme à une autre.
Pour autant, de part ce profil de SOPK surrénalien, les femmes ressentent beaucoup de symptômes émanant d’une sécrétion accrue de cortisol (hormones du stress sécrétée par les glandes surrénales). Un cercle vicieux se met alors en place car cette surproduction stimule d’autant plus la production d’hormones androgènes (en excès, donc), avec les manifestations d’un hyperandrogénisme décrites plus haut.
Les principaux symptômes du SOPK surrénalien rencontrés :
- Anxiété, angoisse ;
- Des troubles du sommeil ;
- Brouillard mental avec des difficultés attentionnelles, et de mémorisation,
- De l’irritabilité ;
- Une tendance dépressive ;
- Des troubles de la libido
Les différentes formes de stress
Le stress, qu'il soit inconscient ou non, même lointain, va obliger notre organisme à répondre en mode “survie”.
Ce mécanisme de défense positif est normalisé pour répondre à un stress épisodique. Pour autant, lorsque le stress se prolonge sur la durée, devenant ainsi chronique, certaines fonctions du système hormonal comme la glycémie, la fonction thyroïdienne, la fertilité peuvent être affectées. L’organisme priorise les fonctions et si une menace est perçue comme mettant en péril sa survie, la priorité sera donnée à sa défense.
Plusieurs situations peuvent être perçues comme stressantes :
- un excès de sport ou d’exercices physiques,
- un surmenage au travail ou à la maison,
- un manque de sommeil,
- un excès de nourriture,
- un abus de caféine, d’alcool, etc.
Par exemple :
- Un stress psycho-physique émotionnel ou physique (excès de sport par exemple, à un niveau de compétition) peut impacter le cycle menstruel par une production de cortisol en excès qui va à son tour altérer la production de FSH et de LH, qui conditionnent la bonne stimulation des ovaires.
- Une infection aiguë ou chronique.
- Une dépression ou un trouble anxieux,
- Un sous-poids : un faible pourcentage de masse graisseuse (du fait d’un régime hypocalorique) crée un stress physique avec une moindre activité de l'enzyme aromatase (transformation des hormones androgènes en œstrogènes). Avec moins d'œstrogènes, lancer une ovulation va être compliqué. De plus, un faible poids corporel est associé à un faible niveau de leptine (appelée parfois l'hormone de la satiété), la leptine contenue dans la masse graisseuse a pour rôle de stimuler la production de FSH et de la LH, donc si on n'a pas assez de leptine, les ovaires ne sont pas stimulés suffisamment et ne produisent donc pas assez d'œstrogènes. Les conséquences donnent lieu à des cycles longs, irréguliers, anovulatoires, allant parfois jusqu'à l'aménorrhée.
- Un surpoids : Un excès de poids est un stress pour l’organisme car certaines molécules émanant du tissu adipeux sont une source de facteurs pro inflammatoires.
Comment le stress joue un rôle prépondérant dans le développement du SOPK
Pour faire face au stress (quel qu’il soit), une petite glande située à la base du cerveau, l’hypophyse, a pour rôle de sécréter une hormone adrénocorticotrope appelée l’ACTH, dont le rôle est de stimuler les glandes surrénales à sécréter du cortisol (mais pas que). Voici d’autres paramètres impliqués dans une réponse à un agent stresseur :
- Sécrétion des androgènes : Parallèlement, les glandes surrénales vont également sécréter de la DHEA qui va venir compenser les effets délétères du cortisol. A partir de la DHEA, l’organisme peut produire toutes les catégories d’hormones androgènes. C’est un cercle vicieux, plus il y a de stress, plus il y a une sécrétion accrue d’hormones mâles.
- La glycémie (= le taux de sucre dans le sang) : le cortisol est une hormone hyperglycémiante, c'est-à_dire qu’elle recrute du sucre dans le sang pour que notre organisme ait l’énergie nécessaire à la gestion du stress. Néanmoins, l’hyperglycémie (= trop de sucre dans le sang) à long terme, peut engendrer de l’inflammation chronique, venant perturber toutes nos hormones mais permettant également une prise de poids.
- Un excès de cortisol entraîne une baisse de la production d’hormones thyroïdiennes, et inhibe la conversion de la T4 (hormone thyroïdienne inactive) en T3 (hormone thyroïdienne active). Or les hormones thyroïdiennes jouent un rôle crucial dans l’activité ovarienne, ce qui peut se répercuter sur le cycle menstruel.
- L'hypothalamus et l'hypophyse, en réponse au stress, vont inhiber toutes les fonctions n’étant pas indispensables, comme la production des hormones responsables du cycle féminin, la FSH et la LH et donc, les oestrogènes, ce qui affecte, voire bloque l'ovulation.
- Le stress peut aussi augmenter la production de prolactine par 2 ou 3 en situation de stress, (c’est d'ailleurs la raison pour laquelle vous devez vous allonger 30 min avant de faire une prise de sang pour vérifier votre taux). La prolactine gêne et parfois inhibe la GnRH et donc la fonction ovarienne.
- Si l’ovulation est effective, le cortisol est une hormone qui a le même précurseur que la progestérone, cette hormone mère se nomme prégnénolone. En situation de stress, la production de cortisol est prioritaire. La conséquence sera une baisse de production de progestérone. Or, la progestérone est cruciale pour la fertilité et pour éviter le syndrome prémenstruel.
PS : Vous l’aurez compris, c’est bien du fait du SOPK que vous êtes plus sensibles à certaines manifestations du stress et non pas votre personnalité anxieuse qui vous donne le SOPK !
Comment est diagnostiqué le SOPK surrénalien ?
Le diagnostic concernant le SOPK diffère selon les pays. Aux Etats-Unis, c’est bien l’hyperandrogénie biologique ou clinique qui est retenue comme critère principal.
En France et en Europe, le diagnostic est régi par les critères de Rotterdam qui fait autorité. Pour être diagnostiqué, 2 des 3 critères ci-dessous doivent être retenus :
- Une hyperandrogénie, autrement dit des hormones androgènes élevées (DHEA, DHEA-S, DHT/androstanolone, testostérone..),
- Au moins 12 follicules de 2 à 9 millimètres chacun et/ou un volume ovarien supérieur à 10 ml, ovaires d’aspect multifolliculaire à l’échographie,
- Des cycles menstruels irréguliers, anovulatoires (sans ovulation) ou complètement absents (aménorrhées).
Certains praticiens classifient les SOPK selon les contributeurs les plus à l’œuvre chez chaque femme. Néanmoins, cette classification n’a aucun versant scientifique ou médical.
Certaines femmes seront davantage touchées par l’inflammation, par l’hypothyroïdie, d’autres par l’insulinorésistance, par le stress, l’anxiété ou suite à l’arrêt d’un contraceptif hormonal comme la pilule.
Dans le cas du SOPK surrénalien, nous pourrons remarquer dans les bilans sanguins / urinaires des niveaux de cortisol en dehors des normes ou très proches de celle-ci, ainsi que des niveaux d’androgènes élevé et particulièrement les DHEA et DHEA-S.
Que faire si vous souffrez du SOPK surrénalien : les solutions naturelles ?
En tant que naturopathe, j’exerce une approche fonctionnelle qui consiste à déterminer et comprendre la cause d’une problématique de santé pour pouvoir ainsi agir le plus possible à ce niveau (sans pour autant en guérir car cela n’est pas possible).
Les SOPK n’étant pas identique et chaque femme présente des atteintes différentes, le rôle du naturopathe sera de vous recommander ce qui devrait faire la différence pour vous spécifiquement.
Pour ce type de SOPK, la réduction et la gestion du stress sont cruciales pour aller mieux, et doivent s’accompagner d’un protocole de naturopathie complet, notamment alimentaire pour nourrir les glandes surrénales.
L’alimentation et la micronutrition pour nourrir les glandes surrénales
- Prendre un petit déjeuner riche en protéines et en bonnes graisses, les Omega 3 particulièrement, riche en EPA/DHA,
- Se complémenter en Omega 3, en effet les Omega 3 sont reconnus par les autorisés de santé comme favorisant un meilleur équilibre nerveux et émotionnel
- Éviter le sucre raffiné,
- Adopter une alimentation la moins inflammatoire possible (éviter les aliments raffinés types pâtes blanches, pain blanc, les graisses saturées, le café, l’alcool, les sodas, etc.),
- Se supplémenter en magnésium et vitamine C peut être intéressant car un excès de stress sur la durée épuise ces nutriments.
- Se complémenter en vitamine D. Ce micronutriment qui a une action plus proche d’une hormone que d’une vitamine. Il est important de savoir que la vitamine D contrôle l’expression de facteurs neurotrophiques importants qui affectent la neurotransmission et la plasticité synaptique. Enfin, la vitamine D a un rôle neuroprotecteur et son activité immunomodulatrice permet de réguler les médiateurs de l’inflammation, associés au stress et à la dépression.
Découvrez ici un article complet sur l'alimentation adapté en cas de SOPK.
La phytothérapie par les plantes adaptogènes pour soutenir la fatigue surrénalienne
Les adaptogènes (herbes, plantes et champignons) peuvent être très intéressantes, car elles permettent une réponse adaptative au stress. Pour autant, toutes ne sont pas adéquates en raison de leurs actions potentielles sur la testostérone (action anti-estrogénique favorisant l'élévation de la testostérone).
Les plus intéressantes seront :
- Réglisse (pour apaiser la sécrétion de testostérone, mais aussi pour aider les glandes surrénales à produire le cortisol, avec une meilleure vitalité - mais pas si vous avez des soucis de pression artérielle)
- Menthe (toujours pour calmer la testostérone)
- Ortie piquante (pour minéraliser le corps et apaiser la testostérone)
- Shatavari (pour ses effets antioxydants, toniques et booster d’ovulation)
- L’ashwagandha pour son effet anti-stress et de soutien de l’activité thyroïdienne
- La camomille matricaire qui n’est pas une adaptogène mais une hypnotique et anxiolytique, avec cerise sur le gâteau, une diminution de la testostérone et donc par rétrocontrôle de la LH.
Les formes les plus intéressantes pour ces plantes peuvent être l’infusion, notamment pour la menthe, l’ortie piquante, la réglisse et la camomille matricaire à raison de 3 tasses maximum par jour. Prenez conseil auprès d'une herboristerie pour confectionner votre propre tisane !
Se relaxer et agir sur l’équilibre émotionnel
Nous avons vu ensemble les problématiques liés à l’excès de stress (l’excès d’une sécrétion de cortisol entre autres). Prenons le temps de faire un pas de côté pour définir ce qui pourrait faire la différence sur la manière de répondre au stress.
L'objectif ici est de vous permettre de mettre en place une routine personnelle pour retrouver de l’énergie et un équilibre émotionnel stable.
Cependant, il me paraît utile de préciser que si certains événements de vie restent présents à l’esprit, ne sont pas métabolisés, entraînent toujours de la souffrance, ces outils ne seront pas suffisants, il faudra se tourner vers un psychologue afin de pouvoir vous exprimer sans jugement et vous sentir entendue.
Parfois vous pouvez ressentir certains blocages, des peurs qui vous freinent et qui altèrent votre estime et votre confiance en vous. Il faudra souvent apprendre à faire le tri dans vos pensées qui engendrent vos émotions. Parfois, il sera utile aussi de faire un tri dans les personnes que vous côtoyez.
Plusieurs outils peuvent vous permettre de travailler sur votre conscience avec l’aide de la sophrologie par exemple, et sur votre inconscient grâce notamment à l’hypnose ou la méditation.
Voici quelques pistes de réflexion pour instaurer une routine qui vous sera propre et dans lesquelles vous pouvez vous réfugier pour prendre soin de vous:
- Cultiver un état d’ouverture et d’accueil des émotions, ressentis, inconforts,
- Ne pas hésiter à vous exprimer, à parler avec votre famille, votre conjoint, vos amis proches, des femmes dans la même situation que vous, ne gardez pas vos angoisses et frustrations,
- Et lorsque c’est difficile, autorisez vous à pleurer, à crier dans un coussin, à danser, à courir, le but étant de décharger ce stress et de vous libérer,
- Relire votre livre préféré,
- Vous octroyer un moment spa avec l’application d’un masque pour le visage, un massage avec une huile déstressante,
- Regarder des photos qui vous rappelle des jours heureux.
Pour en savoir plus sur la gestion du stress, n'hésitez pas à écouter notre épisode de Podcast sur le sujet !
Le sommeil et le repos, les clés majeures dans la prise en charge du SOPK surrénalien
Un manque de sommeil est aussi une source de stress pour notre organisme, ce qui va activer la sécrétion de cortisol (encore lui) et d’adrénaline pour perturber notre dialogue hormonal. Ces dernières, si vous ne dormez pas suffisamment, vont prendre la place des endorphines et de la sérotonine pouvant ainsi favoriser la survenue d’émotions négatives, menant à des troubles anxieux, voire dépressifs.
Le cortisol joue également un rôle important au niveau du métabolisme car cette hormone est hyperglycémiante. Un taux de cortisol augmenté décuple l’appétit, la consommation de produits sucrés et favorise ainsi le stockage des graisses en grande partie au niveau abdominal.
Le manque de sommeil mène également à une production excessive de l’hormone responsable de la faim, la ghréline, et à une baisse de l’hormone de la satiété, la leptine.
Une autre hormone a une fonction prépondérante au niveau de notre sommeil, il s’agit de la mélatonine. Elle régule notre rythme circadien. C’est lui qui guide nos phases d'éveil et de sommeil et, donc, notre production d'hormones liées à ces phases (la mélatonine mais également le cortisol). Si on le dérègle, la communication entre ces hormones et notre cerveau est perturbée et cela peut interférer avec une autre voie de communication : celle entre notre cerveau et nos ovaires !
La mélatonine a aussi un rôle crucial méconnu : c’est une puissante antioxydante !
Dans le cadre du SOPK, le stress oxydatif constitue un des éléments omniprésents avec en plus une diminution des taux des antioxydants intrinsèques.
Pour renouer avec un sommeil reposant, voici quelques gestes et habitudes simples à adopter avant de vous glisser sous la couette :
- Prenez 5 min, pour noter ce qui c’est passé dans votre journée : une réflexion que vous avez pu vous faire, les événements, les émotions ressenties. Cela permet de faire un point rapide sur votre journée, de poser des mots sur les situations pour clarifier votre pensée et métaboliser les événements. Enfin, faîtes en un bilan positif avec 3 faits qui vous ont été agréables.
- Si vous ressentez le stress monté quant à la journée du lendemain, n’hésitez pas à faire une petite to-do list des tâches à ne pas oublier. Ainsi votre esprit se tranquillise car les idées ne s’envoleront pas d’ici au lendemain. L’idée est de remplacer l’anticipation anxieuse par l’anticipation sereine. Attention, ces actions ne doivent pas prendre trop de temps car le but n’est pas de vous stimuler ou de vous pousser à réfléchir en profondeur.
- La lecture en version papier ou avec une liseuse anti-lumière bleue, confortablement installée avec une tisane spécifique pour le sommeil (mélisse, passiflore, fleur d’oranger).
- La diffusion d’une lumière apaisante ou l’écoute de musique douce.
- Pour celles qui ont besoin d’être actives pour se détendre, les étirements doux comme le yoga ou le Pilate sont les plus adéquats.
- Les exercices de relaxation et de méditation ont pour but de stimuler le nerf vague qui va entraîner une baisse du rythme cardiaque, un relâchement musculaire et contribue à la récupération physiologique en favorisant le calme émotionnel, le bon fonctionnement digestif, immunitaire et le sommeil.
- Veillez à dormir dans le noir et exposez vous à la lumière du jour en journée (raisonnablement et en sécurité, c’est à dire pas aux heures les plus chaudes)
- On évite de consulter ses mails avant de se coucher, idem pour tous les écrans bleus.
- On prend une douche tiède avant de dormir, si vous la préférez chaude, mieux vaut la prendre en amont et assez tôt dans la soirée pour ne pas altérer l’endormissement.
L’hygiène de vie est un soutien indéfectible pour limiter et apprivoiser toutes les diversités d’expression du SOPK. En effet, il ne s’exprimera pas de la même manière chez chacune !