SOPK : pourquoi c’est important de prendre soin de son foie ?

 Pour aider ton corps à retrouver son équilibre hormonal, tu as sûrement déjà entendu dire qu’il était intéressant de détoxifier son foie. Cependant, tu ne comprends pas le rapport entre tes hormones et ton foie ! Et tu te demandes encore quelle est la relation entre les deux ? Dans cet article, on t’explique comment le SOPK impacte le fonctionnement de ton foie et comment en prendre soin quand on est atteinte du SOPK.

Le foie : définition et fonctions

Un organe du système digestif

Le foie, qui fait partie de ton système digestif, est un organe qui assure de multiples fonctions. Il se situe sous le diaphragme et est en partie protégé par les côtes à droite. Il est gorgé de sang et pèse 2,4 kg.

Source du schéma 

Le foie n’est pas simplement un organe, c’est aussi une glande puisqu’il produit de la bile. C’est d’ailleurs sa seule fonction digestive. La bile est un liquide qui permet d’émulsionner les graisses afin qu’elles soient correctement digérées.

 Source du schéma

Outre cette fonction digestive, la principale fonction du foie est d’assurer le traitement des nutriments.

Les différentes fonctions du foie

Le foie assure 3 autres fonctions qui, tu vas le comprendre, sont intéressantes à surveiller quand tu es atteinte du SOPK ou de troubles hormonaux. 

Fonctions métaboliques et régulatrices

On pourrait comparer le foie à une petite usine, car il permet de transformer et stocker les nutriments que tu ingères après chaque repas.

Par exemple, c’est lui qui est responsable du stockage du glucose en glycogène afin de maintenir une glycémie normale. C'est-à-dire qu’après chaque repas, les glucides que tu as mangés se transforment en une plus grosse molécule, appelée glycogène, qui est stockée dans ton foie.

Lorsque le taux de sucre dans ton sang diminue, le foie va dégrader cette grosse molécule de glycogène pour envoyer du sucre dans ton sang et ainsi stabiliser ta glycémie. Pour simplifier, le foie dégrade cette grosse molécule de sucre qu’il a stockée pour t’envoyer de l’énergie.

Synthèse des protéines

Le foie participe à la fabrication des protéines essentielles au fonctionnement de ton corps. Par exemple, c’est lui qui produit la protéine d’albumine, cette protéine est chargée du  transport dans le sang des hormones, du calcium ou encore des acides gras.

Mais il produit également :

  • Les globines qui sont des protéines permettant de stocker et transporter de l’oxygène.
  • Les facteurs de coagulation pour freiner les saignements et favoriser la cicatrisation.
  • Les protéines du métabolisme du fer (ferritine et transferrine).
  • Les lipoprotéines qui sont des protéines permettant le transport des lipides (graisses), dont le cholestérol, dans le sang.

Détoxification

C’est la fonction dont on entend le plus parler et que tu connais sûrement ! Puisque le foie est responsable de la dégradation des substances toxiques pour l’organisme.

Par exemple, c’est lui qui élimine l’alcool, les médicaments mais également l’ammoniac qui est produit naturellement dans le côlon lors de la digestion et qui est toxique pour le cerveau.

Dans le prochain paragraphe, on va se focaliser sur la détoxification pour que tu comprennes bien comment ça fonctionne et pourquoi c’est intéressant de soutenir ce processus quand on est atteinte du SOPK ou de troubles hormonaux.

La détox du foie

Comme on l’a vu précédemment, le foie transforme, régule, synthétise et dégrade les nutriments. Toutes ces fonctions sont utilisées pour participer à la détoxification du foie qui s’effectue en 3 phases. 

Phase 1

La phase 1 est la phase d’activation, c’est en quelque sorte la première ligne de défense contre les toxines puisque le foie va commencer à décomposer les substances toxiques en composés plus simples. Pour cela, il utilise ses enzymes appelées cytochrome p450, qui vont rendre les toxines plus réactives et plus solubles dans l’eau.

Cette phase prépare le terrain pour la phase suivante mais ne permet pas d’éliminer à elle seule toutes les toxines. En effet, les sous-produits de cette première peuvent se révéler encore plus toxiques pour le corps. Il est donc important de soutenir la phase 2 de détoxification du foie en parallèle de la phase 1.

Phase 2

La phase 2 est la phase de conjugaison. On l’appelle comme telle car elle conjugue les toxines à d’autres substances pour les rendre moins toxiques et solubles dans l’eau. En général, elles sont conjuguées à du glutathione (antioxydant) ou à des acides aminés. Cette phase nécessite donc beaucoup d’énergie et de nutriments pour se faire correctement.

Ce processus permettra ensuite au corps d’évacuer les toxines via les urines et les selles.

Phase 3

La toute dernière phase est la phase d’élimination durant laquelle les toxines sont excrétées hors du foie. Elles quittent le foie via la bile qui s’écoule dans les intestins pour être éliminées dans les selles ou elles sont excrétées par les reins via les urines.

Ainsi pour soutenir l’ensemble de la détox hépatique, il faudra soutenir chacune de ces phases en commençant par optimiser la phase 3. En effet, il est préférable que ton transit soit régulier pour favoriser une bonne élimination des déchets.

Maintenant que tu connais tout le processus de détoxification du foie, nous allons voir comment le SOPK, autrement dit un dérèglement hormonal, peut perturber ce processus.

Source : Hifas de Terra

Comment le SOPK perturbe-t-il la détoxification du foie ?

Le SOPK se caractérise par une résistance à l’insuline, un excès d’hormones androgènes et une inflammation chronique qui se manifestent le plus souvent par des cycles irréguliers, de l’acné et/ou de l’hirsutisme et/ou une perte de cheveux ou encore de la fatigue chronique.

Nous allons voir dans les prochains paragraphes comment ces 3 caractéristiques propres au SOPK influent sur le foie.

Résistance à l’insuline

Ces dernières années, il a été observé que de plus en plus de femmes atteintes du SOPK développaient en parallèle une stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD - Non alcoholic Fatty Liver Disease). (1)

La NAFLD autrement appelée la maladie du foie gras non alcoolique se caractérise par une accumulation de graisses (triglycérides) dans le foie entraînant une inflammation et une toxicité pouvant mener à une fibrose (maladie du foie). Heureusement, une modification de l’hygiène de vie et la prise en charge des pathologies associées comme le SOPK permettent d’inverser la tendance et de libérer le foie de cette surcharge de graisses.

Si, on te parle de cette pathologie, c’est parce qu’elle permet de mettre en lumière le lien entre le SOPK et la détoxification du foie.

En effet, la résistance à l’insuline qui est un des symptômes du SOPK accentue les risques de développer un foie gras. (2) Une grande quantité d’insuline dans le sang perturbe les phases de détoxification du foie notamment la phase 1 et 2 qui consistent à rendre les toxines (graisses) solubles dans l’eau pour que le corps puisse les évacuer facilement. De fait, si cette étape est mal réalisée, le foie accumule les molécules graisseuses et les toxines qui créent petit à petit une inflammation chronique dans le foie. (3)


Hyperandrogénie

L’hyperandrogénie a également des conséquences sur le fonctionnement du foie et joue un rôle dans le développement de la maladie du foie gras chez les femmes atteintes du SOPK. 

Un lien a été établi entre l’excès d’hormones androgènes, l’hyperinsulinémie et l’obésité mais on ne sait pas encore si c’est l’hyperandrogénie ou la résistance à l’insuline qui perturbe le fonctionnement du foie. (4) Certaines études ont démontrées que l’hyperinsulinémie pouvait mener à l’hyperandrogénie et d’autres ont démontrées que l’hyperandrogénie participait au développement de la maladie de NAFLD même chez les femmes SOPK présentant un IMC normal et aucune résistance à l’insuline. (4)

Pour simplifier, on suppose que l’hyperandrogénie entraîne des perturbations métaboliques, dont celles du foie, indépendamment du taux de masse grasse ou du poids de la femme atteinte du SOPK. (5)

Inflammation chronique

Le SOPK est associé à une inflammation chronique de bas grade ayant des conséquences similaires au syndrome métabolique. (6)

Selon l’INSERM, le syndrome métabolique se caractérise par un tour de taille supérieur à 80 cm pour les femmes, une hyperglycémie, un taux de triglycérides élevé, un faible taux de cholestérol HDL et/ou une tension artérielle élevée. Bien que ce syndrome reste longtemps silencieux, il augmente les risques de développer une maladie du foie, des maladies cardio-vasculaires ou encore un diabète de type 2.

Dans le cas du SOPK, l’inflammation chronique de bas grade est entretenue par la résistance à l’insuline, l’hyperandrogénie et le surplus de cellules graisseuses appelées adipocytes. (6) Trois facteurs qui accentuent l’accumulation des graisses dans le foie, favorisent l’inflammation, diminuent les capacités de détoxification du foie et perturbent le métabolisme des nutriments.

Malheureusement, tu l’auras compris les symptômes principaux du SOPK (résistance à l’insuline, hyperandrogénie et inflammation chronique) perturbent le fonctionnement de ton foie ce qui peut accentuer et/ou entretenir tes symptômes. Alors comment peut-on soutenir le foie quand on est atteinte du SOPK ?

Comment assurer une bonne détox du foie quand on est atteinte du SOPK ?

Pour assurer une bonne détox du foie et diminuer les risques de développer un foie gras, on va chercher à soutenir chaque phase de détoxification du foie. Le plus efficace est de commencer par la dernière phase, la phase 3 pour finir par la phase 1. Ainsi on s’assure que toutes les toxines sont éliminées correctement.

Phase 3 : améliorer le transit

Lors de cette phase, on va chercher à stimuler les processus d’élimination des déchets qui se font par les urines et les selles. Voici quelques conseils pour améliorer ton transit et soutenir l’élimination des toxines.

  • Boire 1L à 2L par jour, tout au long de la journée, pour faciliter l’élimination des toxines via les urines et réguler ton transit.
  • Consommer des fibres qui vont jouer le rôle de “balais intestinal” et limiter la constipation. Tu les trouve dans les fruits, les légumes, les céréales et les légumineuses. Pour en savoir plus sur l'alimentation adaptée au SOPK, n'hésite pas à consuler notre article à ce sujet. 
  • Ajouter du psyllium à ton alimentation. Cette plante qui gonfle au contact de l’eau (tout comme les graines de chia) facilite le transit et les mouvements de tes intestins. Par exemple, tu peux ajouter 1 à 2 cuillères à café de psyllium par jour à un yaourt, une compote ou un porridge pendant 3 semaines.
  • Marcher tous les jours afin d’activer les mouvements de ton système digestif.
  • Consulter un ostéopathe ou réaliser un massage du ventre afin de défaire les tensions et réguler ton transit. Ce conseil s’adresse particulièrement aux femmes qui ressentent le stress dans le ventre.

Phase 2 : apporter des acides aminés et des antioxydants

Cette phase demande énormément d’acides aminés et d’antioxydants au foie pour réaliser son travail de détox correctement.

Voici nos conseils pour soutenir cette 2ème phase de détox :

  • Consommer des aliments riches en acides aminés soufrés comme les œufs, l’ail, les oignons et le brocoli qui aideront le foie à conjuguer les toxines.
  • Avoir un apport suffisant en protéines pour fournir les acides aminés nécessaires à la phase 2 de détoxification. Pour augmenter ton apport journalier en protéines, tu peux adopter le petit-déjeuner salé en privilégiant la consommation d'œufs. Si tu es végétalienne, privilégie les protéines complètes comme le soja, le quinoa et les associations légumineuses et céréales qui te procureront tous les acides aminés dont tu as besoin. 
  • Si tu es de nature stressée, tu peux envisager une cure de magnésium qui va venir soutenir cette phase de détoxification. Il faut savoir que les réserves de magnésium s’épuisent très vite lorsqu’on est stressée ou anxieuse. 
  • La complémentation en L-glutamine est également une bonne option si tu souffres de troubles digestifs (ballonnements, douleurs, constipation, diarrhées). Cet acide aminé soutient cette phase de détoxification, participe à la diminution de la perméabilité intestinale et calme l’inflammation dans le système digestif.

Phase 1 : faire le plein de vitamines

La phase 1 est la plus consommatrice de vitamines et notamment de vitamines du groupe B ! Si tu es carencée en vitamine B2, B3, B6, B9 ou B12 cela peut perturber la première phase de détoxification des toxines.

Voici nos conseils pour soutenir cette 1ère phase de détox :

  • Si tu prends la pilule, tu peux soutenir ton foie en faisant une cure de vitamines. Notamment en privilégiant les vitamines du groupe B. La pilule entraîne des carences en vitamines qui ralentissent la fonction hépatique.
  • Si tu es végétalienne, il est important de te complémenter en vitamine B12 que tu ne trouveras pas dans ton alimentation. L’association Vive la B12 recommande de se supplémenter en cyanocobalamine à hauteur de 10 microgrammes 1 fois par jour ou 2000 microgrammes 1 fois par semaine. (7)
  • Consommer des aliments riches en nutriments qui soutiennent les enzymes hépatiques comme les crucifères (choux, brocolis), les agrumes, les avocats et les baies.
  • Intégrer des épices et des herbes comme le curcuma, le gingembre, le romarin et le pissenlit à ton alimentation. Ils sont riches en flavonoïdes, des composés bénéfiques pour la phase 1 de détoxification. Tu peux également consommer le gingembre, le romarin et le pissenlit sous forme de tisane.
  • Limiter ton exposition aux toxines environnementales et substances hépatotoxiques (toxiques pour le foie) comme l’alcool et les perturbateurs endocriniens présents dans les cosmétiques, les produits d’hygiène, les protections hygiéniques jetables, le plastique, les parfums, etc… Si tu es moins exposée aux toxines, ton foie aura moins de travail.

Prendre en charge la cause pour soulager les symptômes

La majorité de ces conseils visent à soulager le travail de ton foie mais ne lui permettent pas de fonctionner de manière optimale si les conséquences de ton SOPK ne sont pas prises en charge. Il est important en parallèle de diminuer la résistance à l’insuline, l’hyperandrogénie et l’inflammation chronique qui sont les causes principales d’une mauvaise détoxification hépatique chez les femmes atteintes du SOPK.

On t’encourage à te rapprocher des professionnels de santé et du bien-être pour bénéficier d’une prise en charge complète et être guidée dans cette démarche holistique et pluridisciplinaire.

En attendant, tu trouveras des informations complémentaires sur notre blog et notre podcast pour t’aider à mieux vivre avec ton SOPK.

    Références scientifiques

    (1) Rocha, A. L. L., Faria, L. C., Guimarães, T. C. M., Moreira, G. V., Cândido, A. L., Couto, C. A., & Reis, F. M. (2017). Non-alcoholic fatty liver disease in women with polycystic ovary syndrome: systematic review and meta-analysis. Journal of endocrinological investigation40(12), 1279–1288. https://doi.org/10.1007/s40618-017-0708-9

    (2) Petta, S., Ciresi, A., Bianco, J., Geraci, V., Boemi, R., Galvano, L., Magliozzo, F., Merlino, G.,Craxì, A., & Giordano, C. (2017). Insulin resistance and hyperandrogenism drive steatosis and fibrosis risk in young females with PCOS. PloS one12(11), e0186136. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0186136

    (3) Gültepe, İ., Başaranoğlu, M., Süleymanoğlu, Y., Başaranoğlu, G., & Beyazıt, F. (2016). Ovaries are more vulnerable than hepatocytes for insulin resistance and hyperinsulinemia. The Turkish journal of gastroenterology : the official journal of Turkish Society of Gastroenterology27(1), 62–67. https://doi.org/10.5152/tjg.2015.150473

    (4) Spremović Rađenović, S., Pupovac, M., Andjić, M., Bila, J., Srećković, S., Gudović, A., Dragaš, B., & Radunović, N. (2022). Prevalence, Risk Factors, and Pathophysiology of Nonalcoholic Fatty Liver Disease (NAFLD) in Women with Polycystic Ovary Syndrome (PCOS). Biomedicines10(1), 131. https://doi.org/10.3390/biomedicines10010131

    (5) Condorelli, R. A., Calogero, A. E., Di Mauro, M., Mongioi', L. M., Cannarella, R., Rosta, G., & La Vignera, S. (2018). Androgen excess and metabolic disorders in women with PCOS: beyond the body mass index. Journal of endocrinological investigation41(4), 383–388. https://doi.org/10.1007/s40618-017-0762-3

    (6) Regidor, P. A., Mueller, A., Sailer, M., Gonzalez Santos, F., Rizo, J. M., & Egea, F. M. (2020). Chronic Inflammation in PCOS: The Potential Benefits of Specialized Pro-Resolving Lipid Mediators (SPMs) in the Improvement of the Resolutive Response. International journal of molecular sciences22(1), 384. https://doi.org/10.3390/ijms22010384

    (7) Vive la B12 ! (2019, août 29). Combien de vitamine B12 faut il ? | Vive la B12 ! Vive la B12 ! - un Site de la Fédération Végane Francophone Pour L’information Sur la Vitamine B12. https://www.vivelab12.fr/combien-de-vitamine-b12-faut-il/

    Audrey Auret
    Naturopathe

    Audrey est naturopathe spécialisée dans les troubles hormonaux et féminins (SOPK, endométriose).

    Elle saura également vous accompagner dans vos arrêts de pilule et sur la prise en charge de l'acné.

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